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Partir

22 Novembre 2012, 21:45pm

Publié par Marie-Anne

Partir... Partir ? Partir ! Partir.

Partir

J'aurais envie de mettre toutes les ponctuations en même temps, pas à la suite, non, toutes ensembles. Partir, je lève la tête vers le ciel, je la tourne vers la fenêtre, mes yeux se vident et se remplissent au même instant, mon regard est volé par le rêve, par des images, par des pensées pas très claires mais tellement là, et mon coeur qui tremble, qui tremble de ce sentiment, de cette sensation unique d'être, d'être enfin, au plus proche de soi. C'est si fort que ça brule. Je me souviens, être là, et la vie d'avant, d'ailleurs, paraît n'avoir aucun sens, on n'y est pas et elle n'existe déjà plus. C'est elle le rêve. Ici la réalité. Ici, je me sens forte et je suis forte, j'ai comme l'impression d'une puissance en moi, de me suffire mieux que jamais et en même temps d'avoir tant envie de rencontrer les autres, ici j'ai quelque chose à donner, je ne sais pas quoi mais c'est là, mon bonheur, mon vrai bonheur peut-être, qui se transmet, qui se partage si simplement avec ceux que je croise. C'est simple. C'est comme parfait. Je suis libre. Je n'ai plus peur, plus d'appréhension, plus de réticences, je ne me mets plus de barrière, je n'ai plus les mêmes limites, je me découvre. Ailleurs, je m'aime un peu peut-être. Coupée du quotidien, on ne réagit plus aux choses mécaniquement, tout est neuf, on est pleinement ouvert, c'est un peu comme être amoureuse mais de la terre entière, de la vie. Ce sont des mots qui n'ont pas beaucoup de sens dits comme ça, ce sont peut-être des phrases déjà entendues, de bons topos qui ne veulent plus dire grand chose, exactement comme une vie sans nouveauté, comme une vie de copier-coller où les conversations se ressemblent, où mes réactions se ressemblent, où j'agis sans trop être d'accord avec ce que je fais. Une vie désaccordée.

Je suis partie pour la première fois à l'étranger à 17 ans, lors d'un voyage scolaire, une semaine à Berlin. J'ai pleuré en rentrant, j'étais bouleversée par la gentillesse de ma famille d'accueil. L'année suivante, je partais en Grèce, pour 1 mois et demi, seule. Sans en avoir parlé à personne, j'avais préparé mon voyage en 10 jours, en cachette de mes parents chez qui je vivais. J'avais décidé de partir et rien n'aurait pu m'arrêter. Je suis partie en laissant une lettre sous mon oreiller. J'en suis à la fois fière et très peu fière, je me rends compte maintenant du mal et de l'inquiétude que ça a pu causer à mes proches. Seule là-bas, je ne pouvais compter que sur moi-même, je ne vivais que de mes réels désirs, j'étais la personne que j'avais envie d'être, sans personne pour me raccrocher à mes attitudes habituelles, pour me rappeler d'être celle dans laquelle je me sens enfermée, pour me ramener à l'autre vie. J'ai rencontré des gens formidables. Ce voyage fait partie des choses précieuses de ma vie, des choses qui, je le sais, n'arrive pas vraiment deux fois. Pourtant à chaque fois que je voyage je ressens toujours le même sentiment, un peu différent, un peu moins intense sûrement, mais toujours bien présent, cet incroyable sentiment de vivre. Et dans les moments où le quotidien se fait un peu trop pesant, je pense à la Grèce, à ce sentiment si fort et si bon, et je suis réconfortée.

Aujourd'hui, c'est mon amie d'enfance, Amanda, qui fait son grand voyage, seule, pendant trois mois en Asie, et quand j'ai vu ses photos aujourd'hui je me suis sentie émue, si émue, et tellement fière d'elle. J'ai cru voir sur son visage tous ces sentiments, j'ai cru voir l'émotion d'une vie en accord avec elle-même.

En Grèce, juin 2008.

En Grèce, juin 2008.

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